3 questions à Barthélémy Courmont et Vivien Lemaire
La Chine, hégémon asiatique ?
Un ouvrage co-écrit par Barthélémy Courmont et Vivien Lemaire dans le cadre de la Chaire de recherche en Mondes Emergents de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Alors que les rapports de force sur le plan de la géopolitique mondiale s’intensifient, la place de la Chine n’a jamais été aussi stratégique, autant sur le continent asiatique qu’à l’international. Quelles sont les conséquences de l’hégémonie de sa puissance économique, militaire, diplomatique et culturelle ? Quels sont les rapports de force avec ses voisins ? Telles sont les questions auquel répond l’ouvrage La Chine, hégémon asiatique?, co-écrit par Barthélémy Courmont et Vivien Lemaire, respectivement chercheur et étudiant, membres de la Chaire de Recherche en Mondes Emergents de la Faculté des Lettres & Sciences Humaines de l’Université Catholique de Lille (FLSH). Un véritable exercice de réflexion à quatre mains, qui mêle travail intellectuel par la maïeutique et exercice pédagogique.
L’hégémon chinois à la conquête de l’Asie
Alors que la Chine tient une place prépondérante dans les relations diplomatiques, pouvons-nous encore la considérer comme une puissance émergente ? Les capacités grandissantes de Pékin s’accompagnent d’un effort à s’engager sur les questions régionales et internationales. Une détermination affirmée dans une multitude de domaines de son rapport de force avec ses voisins à ses investissements massifs pour devenir un acteur incontournable de la mondialisation des échanges. L’objectif de ce livre est précisément de montrer les limites de cette approche dans le cas chinois, en prenant en compte les perceptions et réactions à la présence chinoises de ses voisins. Des positionnements pragmatiques, et surtout de nombreuses résistances dans les pays d’Asie, avec des conceptions plurales traitées de manière équilibrée. Un ouvrage qui propose un angle nouveau sur la question de l’hégémon chinois, en privilégiant les perceptions locales. Fruit de 2 ans de travail en co-construction, cette collaboration profite d’une vision conjointe sur la puissance chinoise. Une relation qui s’est développée tout au long du parcours universitaire de Vivien Lemaire à la FLSH, où Barthélémy Courmont a d’abord été son enseignant en Licence Histoire, puis directeur de ses deux mémoires de Master Histoire – Relations Internationales. Devenu doctorant en sciences politique, Vivien a rejoint Barthélémy au sein de la Chaire en Mondes Emergents de la Faculté, où il travaille en collaboration avec ses anciens professeurs sur différents objets d’études.
1. Est-ce la 1ère fois que vous co-écrivez un ouvrage avec un de vos étudiants ?
B.C : C’est effectivement la première fois. J’ai une expérience longue d’écriture à quatre mains, mais ces travaux impliquaient systématiquement des collègues. Mon premier ouvrage, publié en 2002, fut ainsi un travail à deux, sur les guerres asymétriques, et j’ai multiplié ces initiatives par la suite. J’ai cependant, au cours de ma carrière, travaillé sur quelques articles scientifiques avec des anciens étudiants, français et étrangers.
2. Comment s’est passée cette collaboration enseignant chercheur / étudiant ?
V.L : Tout d’abord je tiens à dire que ce travail collaboratif a été le prolongement logique de ma période de formation étudiante au sein de la FLSH de l’Université Catholique de Lille. La relation de confiance qui s’est créée entre Barthélémy et moi s’est donc poursuivie après mes études. Devenu doctorant en sciences politiques et professeur en lycée, Barthélémy m’a contacté pour me faire part de son envie de mettre en valeur cette convergence féconde qu’il y avait entre ses recherches et mes travaux de mémoire. C’est ainsi que nous avons décidé de collaborer en 2020 sur un livre dont l’objectif premier était de rappeler la complexité des relations entre la puissance incontournable qu’est la Chine et les pays d’Asie. L’organisation du travail collaboratif a été relativement simple puisque nous avions déjà une idée précise des questions à aborder dans cet ouvrage. Les conseils et les échanges réguliers autour du manuscrit en cours d’écriture se sont déroulés sur deux années, chacun contribuant de manière complémentaire aux réflexions sur les grands thèmes et chapitres du livre.
B.C : J’ai d’abord encadré Vivien pendant plusieurs années de ses études à la FLSH, et ai mesuré ses compétences et sa capacité à faire murir ses projets. La qualité de ses mémoires de recherche m’a tout simplement motivé à exploiter cette compétence, d’autant qu’elle s’accompagnait d’une volonté de poursuivre sa formation dans le cadre d’un doctorat, point sur lequel nous avons pu longuement étudier les pistes, ainsi que les débouchés. Aussi quand j’ai proposé à Vivien cette collaboration, les choses étaient déjà entendues sur le fait qu’elle serait un succès évident. Nous sommes alors entrés dans un cycle long et jalonné d’obstacles, mais très stimulant.
3. Que vous a apporté cette écriture collaborative ?
B.C : Il est toujours difficile de s’engager dans une écriture collaborative, tant sur le fond, la méthode, mais aussi le style d’écriture, car il est impératif de rendre un travail homogène. Les allers-retours furent donc nombreux, mais surtout très enrichissants en ce qu’ils nous permirent de confronter nos positions et en conséquence de pousser nos recherches afin d’éviter le piège de l’à-peu-près. C’est tout le mérite d’une collaboration éditoriale que d’avoir une sorte de relecteur-correcteur en permanence, d’autant plus vigilant qu’il est lui-même directement impliqué dans un projet portant son nom. Le résultat est à la hauteur de nos attentes.
V.L : Cette collaboration a été considérablement enrichissante tant sur le plan personnel que professionnel. L’écriture collaborative est un engagement mutuel qui demande de facto un dépassement de l’individu et une responsabilisation accrue. L’expertise et le professionnalisme sans faille de Barthélémy ont été très formateurs pour moi d’autant plus que ce livre est ma première expérience d’édition. Enfin, je pense que ce livre apporte une contribution notable à l’analyse des perceptions et réactions des populations asiatiques à la présence chinoise ; et je dois dire que j’en suis assez fier !