Vies de citadelle est le premier résultat d’un projet de recherche-création au long cours, visant une approche anthropologique visuelle et sonore du quartier Vauban-Esquermes à Lille. A la fois scientifique, épistémologique et créative, cette exposition combine des photographies et des écoutes sonores dans un format visant l’immersion du spectateur dans quelques “morceaux” du quartier. Elle est menée par Zineb Majdouli et Sylvie Dubois

Respectivement chercheuses en communication et anthropologie -et en esthétique et technologies du cinéma et de l’audiovisuel, elles ont investi et enquêté sur le quartier Vauban-Esquermes. Avec ses grands boulevards, son université et grandes écoles, ses commerces dédiés à la vie étudiante et ses quartiers résidentiels contrastent fort avec le vieux-Lille ou Wazemmes, quartiers historiques voisins. Le premier est une figure touristique et marchande de la ville et le second est un ancien faubourg industriel avec son marché cosmopolite, sa population issue de l’immigration et son héritage ouvrier. Au contraire, Vauban-Esquermes, catégorie d’abord administrative, est le produit de la démolition des remparts de Lille et de l’haussmanisation lilloise. Organisé avec et autour de la vie étudiante, ce quartier plus bourgeois avec ses hôtels privés et ses demeures avec jardins, plus calme, ses grandes artères et petites rues se vident à certaines heures et jours de la semaine devenant ainsi une zone de transit où il est difficile de reconnaître ou de ressentir, du moins, a priori, une vie de quartier. Exception faite d’un cœur vert et vibrant : la citadelle de Lille et ses marges.

L’un des objectifs est d’observer puis d’analyser avec une méthodologie sono-photographique, la manière avec laquelle les modes de vie, l’urbanité, la nature, se croisent, se côtoient, ou se détachent. Il s’inspire des travaux en anthropologie urbaine, visuelle et sonore, en écologie acoustique. D’autres expositions issues de ces recherches seront mises en place, grâce à un maillage plus conséquent du territoire visé, mais aussi par l’intégration de séquences sonores cinématographiques et/ou audiovisuelles ayant représenté ces lieux en diverses périodes.
Pour l’heure, est présentée ici une première partie du projet se concentrant sur la citadelle Vauban, à la fois monument, patrimoine, espace de loisir et sportif et plus grand espace vert de la ville. Nous captons des “vies de citadelle” comme extrait de sociabilités ordinaires afin de tenter de répondre à la question : comment une enquête sono-photographique peut-elle raconter une expérience et une « ambiance » urbaine au sens de Bruce Bégout ? Une ville comme le précise Isaac Joseph ne se limite pas à loger ses habitants. Elle se définit comme un système d’activités qui va du bâti aux espaces publics jusqu’aux réseaux de transports. Elle doit être un espace « accessible » où on peut regarder les choses à partir d’une multiplicité de perspectives.

Nos captations tentent alors de rendre compte de quelques-unes d’entre elles. Au cours de plusieurs “balades” nous avons saisi ces lieux et quelques-unes de ses vies à travers des arrêts et des stationnements sur des sites visuels ou sonores invitant à une expérience sensorielle.

L’agencement des photographies explore le défilement, à la recherche d’une forme de mise en mouvement qui ne peut être opérée que par le visiteur, à son propre rythme. Au cœur de ce flux continu se mêlent alors des sons issus de deux dispositifs : un casque audio permettant de percevoir des sons précis des lieux, et un haut-parleur diffusant une ambiance sonore générale. Cette dernière a été choisie comme étant la plus représentative de l’ensemble des zones traversées.

Sylvie Dubois et Zineb Majdouli

Lors de votre visite, des casques munis de MP3 sont à votre disposition. Vous pouvez y suivre les indications de changement de piste sonore.